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Autres foires en Cotentin (Manche)

Foire normandeLes bouleversements des moyens de communication ont entraîné des adaptations des circuits commerciaux et des modifications radicales des habitudes. À l'origine, au Moyen Âge, les foires étaient de grandes manifestations d'échanges. Certaines provoquaient de gigantesques rassemblements de gens venus non seulement pour traiter des affaires, mais pour banqueter et souvent pour se distraire. Il se faisait beaucoup d'affaires de diverses natures. Et puis, sans que disparaissent ces foires générales, sont apparues les foires à bestiaux. On achetait et vendait surtout des bovins, des chevaux, des moutons, des chèvres. À côté de ces grands marchés aux animaux s'installaient de nombreux marchands, des cafetiers, des auberges sous tente. Des baladins, bateleurs, acrobates, comédiens, amuseurs publics donnaient à la foire un caractère de grande fête populaire.

Ces foires ont perdu progressivement, puis brutalement de leur intérêt en raison des nouvelles conditions économiques. Aujourd'hui, lorsqu'elles continuent d'attirer des foules, c'est souvent plus par respect des traditions, par souci de conservation d'un patrimoine particulier que par nécessité économique. À cet effet, elles se sont transformées, proposant des activités nouvelles, souvent originales, adaptées aux besoins nouveaux. Ainsi se sont développées les foires aux oignons, les foires aux picots, les foires aux ânes, les foires aux arbres...

Foire normande Foire normande


Dans le même temps se sont amplifiées les manifestations festives. Les foires sont devenues des occasions de rassembler des foules avec l'objectif de les intéresser aux marchandises nouvelles et de les amuser. D'une certaine manière, les foires d'aujourd'hui reviennent à leurs sources et retrouvent, au moins partiellement, ce qui les définissait dans le latin "feriae" qui leur a donné leur nom : elles sont des "jours de fête".

Bricquebec, la Sainte Anne

Foire de Bricquebec Foire de la Sainte Anne (Bricquebec)


Pèlerinage à Sainte-Anne, foire de la Sainte-Anne, fête de la Sainte-Anne occupent plusieurs jours vers la mi-juillet.

La Sainte-Anne est une foire d’été dont l’origine remonte loin dans le passé. De tout temps, elle fut très suivie. Sur le champ de foire étaient traditionnellement présentés des bovins, des ovins, des chevaux, des porcins. On y trouvait les habituels "tentiers", les rôtisseurs qui avaient installé leur commerce de bouche à proximité des consommateurs. Il y avait les marchands de cidre dont les tonneaux étaient allongés sur des charrettes sans ridelles, qui vendaient à la "moque" (grande tasse) ou au litre et à qui l'on allait rendre visite tout en mangeant. Une enseigne les signalait, parfois réduite à un objet suspendu à une longue perche. Il y avait les boulangers, mais aussi les quincailliers, les marchands de vannerie ou d'objets de toutes sortes. II y avait les marchands de crustacés qui proposaient des homards, des "clos-pouengs" (tourteaux), des crabes de diverses espèces.

À côté étaient installés les forains, les saltimbanques qui proposaient leurs attractions. On y présentait des animaux savants ou féroces ou curieux, des personnages étranges ou des infirmes comme la femme colosse ou le nain Hu-Lulu. Il y avait les stands des lutteurs, celui du tir et les loteries aux lots mirobolants. Le long de l'avenue, ils se succédaient, appelant le client, bonimentant sans cesse. La foule était considérable à la fête de la Sainte-Anne. On venait de toute la région. Aujourd'hui encore, elle ras­semble des milliers de personnes.

C'était une très grande foire aux chevaux. On y vendait particulièrement des petits chevaux et des poneys de la Hague. À titre d'exemple, relevons que, au XIXe siècle il n'était pas rare d'y voir de quatre mille à six mille chevaux, qu'en 1939 environ deux mille chevaux étaient encore présentés sur le champ de foire.

Carantan, la Saint Côme

Foire de Carentan Foire de la Saint Côme (Carentan)


L'abondance des élevages consécutive à l'assèchement de grandes surfaces de marais a contribué à stimuler le développement de foires. Vers le milieu du siècle, on décida de les établir sur le vaste espace libre de la place du Valnoble.

Plusieurs foires se tenaient alors chaque année. La foire Saint-Côme, vers le 26 septembre, rassemblait quelque deux mille bovins, parfois jusqu'à deux mille cinq cents chevaux (elle était une des plus grandes foires de France,d’Europe, sans doute pour le commerce des chevaux). La foire Saint-Léonard, qui se tenait au début de septembre, accueillait plus de mille bovins. La foire de Noël, la foire de la Mi‑Carême, la foire de Quasimodo, la foire de la Trinité et la foire de la mi­-juillet dite "foire Saint-Clair" rassemblaient des quantités importantes de bêtes à cornes. Les foires de Carentan permettaient de mettre en valeur la qualité de la viande bovine produite, ce qui assurait la réputation de la région. La foire Saint-Côme entretenait la renommée de l'élevage local des chevaux. Cette grande manifestation durait deux jours car il y avait une montre (concours) la veille. À la fin du XIXe siècle, si la montre se tenait à Ca­rentan, la foire proprement dite se tenait à Saint-Côme-du-Mont (commune limitrophe). Il s'y réunissait parfois près de trois mille chevaux (mille six cents encore en 1939) que se disputaient des marchands venus de toute l’Europe occidentale. Cette répartition sur deux communes voisines montra ses limites quand la montre tenue à Carentan prit le pas sur la foire proprement dite sise à Saint-Côme. Les tractations entre les deux communes furent orageuses avant d'aboutir à un compromis acceptable en 1920.

Foire de la Saint Côme (Carentan)


La foire Saint-Clair qui avait lieu à Carentan était accompagnée d'une louerie (marché à la main-d'œuvre) de domestiques. À l'occasion des foires, des "tentiers", des marchands de cidre, des rôtisseurs proposaient leurs produits aux uns et aux autres et, l’après‑midi de la foire, une grande fête foraine animait les places avec les manèges, les tirs, les loteries, les chevaux de bois, les cirques…

Cherbourg et ses foires

Foire d'Équeurdreville (Cherbourg) Foire d'Équeurdreville (environs de Cherbourg) Foire de Querqueville (environs de Cherbourg) Foire de Querqueville (environs de Cherbourg)


Dans la ville de Cherbourg se tenaient annuellement plusieurs foires.

L'ancienneté de ces foires est assez difficile à établir. Selon certains textes, il apparaîtrait que des foires existaient déjà à Cherbourg aux XIe et XIIe siècle. Selon d'autres textes (lettre de jussion du 31 mars 1596), il n'en aurait existé aucune en 1596. En 1673, on relève l'existence d'un marché hebdomadaire d'une durée de trois jours. En 1782, la municipalité demande que ces marchés (commerce des denrées et des bestiaux) soient transformés en foires franches de même durée. Confirma­tion de l'existence de trois foires annuelles le 19 thermidor de l'an II, à savoir, foire du Carême (deux jours), foire de la Trinité et foire de la Saint­ Michel. En 1816, le conseil municipal demande au roi l'autorisation d'ouvrir une quatrième foire et précise les dates des foires découlent d’une acceptation : la foire du 27 janvier dite "de Saint-Julien" ou "Julienne", la foire du lendemain du dimanche des Rameaux, dite "des Rameaux", la foire de la Trinité et enfin la foire le 26 août qui serait appelée la Saint-­Louis. Il s'agissait de foires à bestiaux comme le précise la lettre du conseil municipal. L'accord du roi est signi­fié par ordonnance datée du 7 mai 1817. En 1858, il est décidé de transférer les foires de la place située "près le Bassin" sur la place Divette. En 1883, le conseil municipal sollicite l'autorisation de créer une foire nouvelle en novembre. Cette foire "aurait pour objet la vente des bestiaux, de marchandises et denrées de toute nature". Au cours de ces foires qui s'étendaient sur plusieurs jours, les marchands dressaient leurs tentes et leurs étals, ce qui donnait un air de fête populaire à ces rassemblements auxquels se mêlaient quelques camelots ou forains.

Les Pieux, la Saint Georges et la Saint Clair

Foire des Pieux


Des foires et marchés aux bestiaux se tenaient aux Pieux chaque année, mais les deux manifestations les plus remarquables avaient lieu à la Saint­-Georges autour du 22 avril et à la Saint-Clair qui donnaient leurs noms à deux foires réputées.

Ces jours-là, il y avait foule sur le champ de foire situé sur ce qu’on appelle "la Lande". C’étaient des foires aux bestiaux qui rassemblaient de très nombreux éleveurs et marchands.

Sur le même vaste terrain, des rôtisseurs avaient disposé leurs installations de broches. Ils grillaient des pièces de viande, des saucisses au feu de bois, en plein air. On se rendait alors près des débitants qui vendaient à profusion du cidre et du café. Des marchands proposaient du pain, des pâtisseries normandes : des garrots, des "bourdelots" (le "bourdelot" est une sorte de gâteau dans lequel une couche de pâte enveloppe un fruit, poire ou pomme), des cornus, des gâches... Il y avait encore des vendeurs d'ustensiles agricoles : liens de chanvre, licous, seaux, "jouquets" (pièce de bois évidé à l'endroit des épaules au moyen duquel on portait deux récipients) et même parfois des charrues. Il y avait les inévitables forains avec leurs manèges, leurs tirs et leurs loteries, leurs tours.

Tous les gens de la contrée se retrou­vaient pour la fête qui se déroulait dans le bourg, sur la place. Jeux divers étaient de mise, attractions variées (mât de cocagne, baptême du tropique, course en sac, course à pied, etc.).

À la Saint-Clair, se tenait une louerie de domestiques.

Une autre foire avait lieu à l’automne, le concours-foire Saint-Martin qui devait son importance au concours organisé par le comice. Cette mani­festation se déroule encore dans le bourg aujourd'hui et rassemble quelques dizaines de bovins.

Montebourg, la Grande Chandeleur

Foire de Montebourg


Montebourg était un lieu de rencontre des éleveurs de toute une région. Il s'y tenait des foires importantes. Trois de ces foires avaient été créées sous Henri Ier, quatrième fils de Guillaume le Conquérant. Celle dite "de la Grande Chandeleur", qui dure deux jours au mois de février, accueille des milliers de visiteurs et est le théâtre d'un concours de bovins de la race normande très renommé.

À cette foire, sont rassemblés des milliers d’animaux. En 1922, trois mille cinq cents bovins étaient présentés dont près de mille deux cents taureaux, ce qui est tout à fait exceptionnel. La foire se poursuivait alors sur trois jours.

Les acheteurs venaient de toutes les régions de France. Cette foule énorme consommait dans les auberges du bourg de grandes quantités de victuailles et de boissons.

Les forains n'étaient pas admis sur le champ de foire, mais contraints de s'installer en dehors d'une limite fixée sur le plan officiel.

En dehors de la Chandeleur, d'autres foires existaient à Montebourg. En 1972, l'almanach de la Manche en cite huit dont celle des Rameaux en avril, les Rouayons (Rogations) en juin, le grand concours d'ovins en août (il dure deux jours), la Saint-Crespin en octobre.

Toutes ces manifestations agricoles donnaient et continuent de donner à cette petite cité du Cotentin au dynamisme certain une animation extraordinaire.

Saint-Floxel, la grande foire aux chevaux

Située à petite distance de Montebourg, cette modeste commune du Cotentin était autrefois le siège d'une mémorable foire aux chevaux qui rassemblait une grande quantité d'animaux sur le champ de foire situé à "la Campagne".

Il y venait des rôtisseurs, des mar­chands de cidre et d'un grand nombre de produits. Il y venait des forains avec leurs attractions. Une fête foraine bat­tait son plein durant toute la foire. Aujourd'hui, la foire a disparu, mais la fête foraine anime toujours la commune voisine de La Pernelle chaque année.

Teurthéville-Hague, la Saint Michel

Plusieurs foires d'origine fort ancienne se tenaient traditionnellement à Teurthéville-Hague avant la dernière guerre. Il y avait la foire de mai, la Saint-Michel le 30 septembre, la Petite Saint-Michel à la mi-octobre. Cette dernière était la plus conséquente. S'y trouvaient présentés des bovins, des chevaux (provenant des élevages particuliers de la Hague) et des moutons (en général, plus de mille moutons de la région). Naturellement, comme il venait une foule assez considérable, des marchands installaient leurs stands sur le champ de foire. Les rôtisseurs faisaient de bonnes affaires tout comme les cafetiers qui proposaient avant tout du cidre et du café (que chacun "coiffait" d'eau-de-vie à son goût).

Valognes et ses foires

Foire de Valognes Foire de Valognes Foire de Valognes Foire de Valognes


Valognes, ville située au cœur d'une riche région d'élevage, connaissait plusieurs foires annuelles. Les principales étaient la "foire aux grades" (les grades désignent les petites groseilles en grappes) le 12 juillet, la "Malotte" en octobre, la "Crottée" au début de décembre et la foire du "Cul de l'An" le 31 décembre. Ces jours‑là, il y avait foule sur la place du château. Les carrioles reposaient sur leurs brancards entre lesquels les chevaux mangeaient paisiblement leur botte de fourrage. Des tentes étaient installées en bordure du champs de foire pour assurer le ravitaillement en vivres et boisson. C’est du moins ce que l’on peut observer sur une carte postale postée en 1904. Il ne semble pas y avoir eu un nombre impressionnant de forains. L’annuaire des foires de 1925 fait état d’une louerie de domestiques pour la foire de juillet.