L'âne social
L'âne a besoin de compagnie
L'âne est un animal doux qui aime la compagnie. "L'âne est extrêmement sociable, gentil et tolérant", indique Béatrice Michel, éthologue, responsable d'une expérience en Camargue pendant plus d'un an. Tous les propriétaires vous le confirmeront : "L'âne aime le contact avec les enfants et a besoin de beaucoup d'affection. En plus, cette tendresse sera rendue au centuple !".
Dans la mesure du possible, l'âne vit en groupe, en troupeau. L'apprentissage de cette vie en communauté se fait dès sa naissance. La mère s'isole pour accoucher, puis présente son rejeton au troupeau quand il a 23 jours. Elle l'allaite au moins six mois, plutôt dix, avant de le sevrer, et c'est durant cette période qu'il apprend comment bien se comporter avec ses congénères. Tous les adultes sont assez protecteurs vis-à-vis des petits et n'hésitent pas intervenir dans leur éducation.
Les ânons
Comme tous les enfants, les ânons jouent entre eux, ce qui exerce autant leurs muscles que leur convivialité. Un exercice habituel chez les ânons et de mettre les antérieurs sur leur mère. Ils s'entraînent ainsi au geste de la saillie qu'ils commencent à pratiquer avec plus ou moins d'efficacité dès 18 mois. Il faut vraiment éviter de jouer avec un ânon, surtout en le laissant vous mettre les antérieurs sur les épaules, car il vous assimile ainsi à un copain âne dont vous n'avez pas la force, d'autant moins que l'ânon va prendre au moins 100 kg et plusieurs centimètres en deux ans, ce qui ne sera jamais votre cas ! En outre, quand il aura acquis un peu plus de maturité, il risquera de vous faire passer de "copain âne" à "âne rival" et là, il ne fera aucun cadeau.
Pas de chef dominant
Contrairement à la hiérarchie bien nette que l'on voit dans les troupeaux de chevaux, même petits, on ne constate pas la présence d'un "grand chef" dominateur dans un groupe d'ânes. Souvent, quand même, un mâle, castré ou non, mais d'âge moyen et à forte personnalité, a un rôle de "sage" qu'il ne gardera pas forcément toute sa vie. Un plus jeune pourra le relayer, après quelques discutions parfois animées. Les vieux restent intégrés au troupeau et sont respectés. Ils surveillent fréquemment les tout jeunes. Les grandes décisions ne sont pas prises par le chef. Une ânesse expérimentée peut décider d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte et tout le troupeau la suivra. Si un nouvel âne arrive dans le groupe, il sera a priori bien accepté par tous et dans le calme, sans toutes les démonstrations dynamiques et sonores des chevaux.
Il est certain qu'un groupe d'ânes fonctionne comme une famille unie, ou chacun est attentif aux autres et responsable du groupe, où l'entente cordiale est de règle, où aucun élément n'est mis de côté.
Le comportement de l'étalon
Dans un troupeau d'ânes semi sauvages, le jeune étalon, à partir de 3 ou 4 ans est considéré par ses congénères comme un rival à part entière. Deux études en Suisse et en Camargue, sur une durée d'environ sept ans, sur des ânes domestiques remis en semi-liberté, ont permis de déterminer le sens intuitif du capital génétique des étalons plus âgés sur celui des plus jeunes.
Les scientifiques ont remarqué que pour évaluer les qualités du futur rival, les mâles trouvaient leurs premières informations en "étudiant" les odeurs d'urine ou de sperme laissées après une saillie, plus exactement aux phéromones qui y sont contenues. Également, que le lieu de ralliement des étalons pour trouver une femelle, notamment celles qui viennent de mettre bas et sont de nouveau fécondes, est le point d'eau, car les ânesses y viennent systématiquement se désaltérer.
Ces comportements ont déjà été remarqués chez les zèbres et les ânes sauvages, mais aussi chez les chevaux, dans la mesure des observations possibles de "chevaux sauvages".